Hibou grand-duc, chouette, loup & Co.

Tanja Brandt a presque toujours eu des chiens. Son amour va aux malinois. Depuis dix ans, le sympathique mâle Ingo ne la quitte pas d'une semelle. Et depuis presque deux ans, Dio, le jeune chien-loup tchécoslovaque, tient Tanja et le chien Ingo en haleine. Non seulement Dio ressemble à s'y méprendre à un loup, mais la race est également très proche de ses ancêtres sauvages. "C'est une boule de démolition à quatre pattes. Il est désormais très bien éduqué, mais il est clair que sa taille n'est pas anodine", décrit Brandt. 

Pour pouvoir réaliser son rêve de posséder ses propres chouettes, Brandt a passé le permis de chasse et de fauconnerie. C'est la loi allemande qui l'exige. Depuis, les chouettes font partie intégrante de son quotidien. Mais comment cohabitent deux grands chiens extrêmement agiles avec de délicates chouettes?

Les nombreux followers Instagram de Brandt répondront facilement à cette question : étonnamment bien ! Sur les réseaux, on a pu observer de près comment Ingo et Dio Brandt ont aidé à élever la dame hibou grand-duc Bruni (de son vrai nom Bruhnhilde) pour en faire une camarade de jeu à plumes. Le compagnon de Bruni, le grand-duc de Sibérie Klaus-Bärbel, entretient également une relation étroite avec Ingo depuis ses premiers jours. Les volières abritent par ailleurs les chouettes effraies Lusi (mâle) et Carola ainsi que les hiboux Rüdiger et Lutz.

Les plus grandes stars des réseaux sociaux sont toutefois Gandalf, qui souffre de mauvaise humeur chronique, et son copain Gerd (tous deux des chouettes à face blanche), l'intrépide chouette chevêche Albi, que Brandt a sauvée in extremis lorsqu'elle n'était qu'un minuscule oisillon, et son timide partenaire Siggi. Un seul membre de la nuée Brandt n'appartient pas à la race des chouettes: il s'agit de la buse "Phoenix".

Mais Brandt n'enthousiasme pas seulement avec ses photos dans des livres ou des calendriers. Avec près de 400 000 abonnés sur Instagram et plus de 220 000 fans sur ses différents profils Facebook, Tanja Brandt est devenue l'une des photographes au plus fort taux d'audience sur les réseaux sociaux allemands. Lorsqu'on l'interroge sur sa stratégie pour atteindre une telle visibilitée, Brandt secoue la tête d'un air perplexe : "Je n'en ai aucune idée, j'y vais simplement au feeling". Pas de doute, les animaux adorables constituent le terreau fertile de son contenu accrocheur. Couplé avec un flair photographique remarquable, on obtient la recette de ce succès digital.

Mais il est plutôt dommageable pour sa carrière de refuser, comme Brandt, la plupart des invitations à la télévision. La raison : elle a tout simplement trop le trac devant la caméra. Heureusement, cela ne vaut pas pour son propre smartphone. Et c'est là qu'intervient un autre facteur de succès : Tanja Brandt est une excellente narratrice. Cela ne lui est pas uniquement utile pour écrire ses livres, mais est indispensable pour la fonction Story sur Instagram et Facebook.

Dans la pratique, la cohabitation avec les chouettes n'est pas si simple. Brandt a toujours eu du mal à trouver un terrain approprié pour vivre avec ses chouettes. Il y a quelques mois, elle a trouvé une ancienne boulangerie de village dans le Hochsauerland avec son partenaire Christian Borchart, un ingénieur en mécanique titulaire d'un doctorat qui, dit-on, "n'aime pas les chiens", comme le dit Brandt avec un clin d'œil. Les deux hommes la transforment peu à peu en leur nouvelle maison.

Ici, ils ont suffisamment de place pour leurs volières et des voisins tolérants. Pour qu'ils sachent toujours que leurs oiseaux se portent bien, Brandt a installé des caméras de surveillance autour des volières. Le terrain se trouve au milieu du village de Hoppecke, près de l'église. Mais Brandt s'est vite rendu compte qu'elle partageait son terrain, surtout la nuit, avec une bande de ratons laveurs, de nombreux chats, des fouines et divers renards. Ces derniers représentent un grand danger, du moins pour les plus petites chouettes, et ont nécessité un renforcement immédiat des volières. 

Brandt est immédiatement captivée par l'activité animale sur sa propriété et partage son enthousiasme avec ses followers. Ainsi, les renards Theo et Thea, les martres Bernd et Berni, Ninja-Cat ainsi que la bande de ratons laveurs font également partie des stars des reportages quotidiens de Brandt sur les médias sociaux. 

Le truisme éculé "content is king" se vérifie donc aussi chez Brandt. Les hiboux et les chiens sont tout simplement mignons. Mais cela ne suffit pas à expliquer leur portée. Un autre facteur de succès important est l'authenticité. Une qualité qui est souvent déniée, à juste titre, à de nombreuses stars des médias sociaux et influenceurs. "Je fais simplement partager à mes followers ma vie généralement un peu chaotique", explique Brandt. Elle reçoit souvent le feed-back que ses photos et ses histoires procurent un sentiment de bien-être à de nombreuses personnes. Pour ses followers, son travail est une distraction, un divertissement, un moyen d'améliorer l'humeur, mais aussi un modèle à suivre. 

"On a récemment diagnostiqué chez moi une manifestation du syndrome d'Asperger. Cela m'a d'une part effrayée, mais d'autre part aussi beaucoup soulagée, car cela m'explique aussi en partie pourquoi je suis telle que je suis", explique Brandt. Elle a bien sûr réfléchi à la manière de gérer cette situation et a décidé d'aborder ouvertement ce diagnostic. "Pourquoi devrais-je en faire un secret ? Je ne l'ai pas choisi et une particularité psychiatrique n'est pas plus quelque chose dont on doit avoir honte que quelque chose de physique", explique Brandt pour justifier sa décision. Brandt est donc un phénomène des médias sociaux qui a du succès avant tout parce qu'elle est Tanja Brandt. Un secret de réussite que d'autres photographes ont du mal à s'approprier. Pourtant, elle prouve de manière impressionnante qu'il faut d'une part avoir du "contenu", d'autre part avoir de la personnalité et du caractère, et enfin être une bonne conteuse qui transmet le "contenu" de manière divertissante et passionnante. 

On s'en doute peut-être, mais même si on demande à Brandt quel est son concept commercial, on obtient à nouveau un haussement d'épaules un peu perplexe. Il s'est développé avec le temps, résume-t-elle. Aujourd'hui, Brandt a de nombreux livres à son actif. Parmi elles, des livres de photos et de non-fiction, des livres d'images et sa biographie. Dans sa boutique en ligne, Brandt vend également des calendriers, des posters et d'autres articles de merchandising. Les coopérations avec des entreprises de l'industrie de la photographie et de l'alimentation animale constituent un autre élément de son modèle commercial. Elle propose en outre des conférences, des ateliers et des coachings. Ceux-ci se distinguent de nombreuses offres similaires. "Je suis une vraie technophile", avoue Brandt. "Je préfère m'en occuper le moins possible". Brandt n'a pas la prétention de maîtriser parfaitement et dans les moindres détails des programmes comme Adobe Lightroom et Photoshop. Elle explique comment elle utilise les outils pour obtenir ses résultats et touche ainsi la corde sensible de nombreux autres photographes. Car à la fin, c'est le résultat qui compte pour Brandt, pas le chemin pour y arriver. 

Ce qui vaut pour l'équipement photographique et les logiciels vaut également pour son moniteur. "Un moniteur doit me montrer une vue absolument précise de mon image", résume Brandt en évoquant ses attentes. Ce qui semble si simple et évident nécessite toutefois un moniteur graphique spécial qui doit en outre être régulièrement calibré. Brandt elle-même utilise pour cela depuis de nombreuses années différents moniteurs d'EIZO. "J'ai commencé avec un ColorEdge CG2730", raconte Brandt. "Il n'a malheureusement pas survécu à l'avant-dernier déménagement sur la banquette arrière de ma voiture. Je l'avais pourtant spécialement attaché", se souvient la photographe, visiblement attristée. Depuis, elle conserve les caisses de transport. Elle est ensuite passée au ColorEdge CS2740, dont elle apprécie surtout la résolution 4K d'une grande netteté.

Au cours des prochains mois, Brandt et son compagnon Christian Borchart vont également rénover l'ancienne boulangerie, pièce par pièce. Au rez-de-chaussée, des bureaux et des espaces de travail seront créés pour la photographe et le consultant en informatique. À l'étage, des pièces d'habitation sont créées. Le grenier, que Brandt appelle simplement le Bates Motel, reste pour l'instant inutilisé. "Je crois qu'il est hanté", dit la photographe - et elle sourit. Elle ne semble pas vraiment savoir à quel point elle est sérieuse. Si l'endroit est effectivement hanté, les fantômes seront certainement acceptés dans le club des médias sociaux de Brandt et assureront, avec Ingo, Dio, Bruni, Gandalf et le gang des ratons laveurs, une ambiance positive sur Insta.